Hildegarde de Bingen,
Moniale bénédictine du XIIe siècle et l'écologie

Nous allons, ensemble essayer de retrouver les idées clés qui relient « Hildegard von Bingen » et l'écologie
Pour nous, créatures, l’écologie c’est cultiver et renforcer le lien qui nous permet d’être au diapason avec notre Créateur.
Aujourd'hui, alors que nous sommes invités à faire une petite causerie sur un autre aspect de l'écologie, il faut tout de même présenter succinctement Hildegarde de Bingen.
Hildegarde c'est le prénom, de Bingen , un nom d’emprunt parce que Hildegarde naquit en l'an 1098 c'est à dire au XIème en Germanie, à Bingen, à coté de Mayence, dans le Palatinat au bord du Rhin ; elle porte le nom d’ Hildegarde "von" c'est à dire "de" Bingen car elle a fait beaucoup d'œuvres et miraculeuses dans cette région : elle a pris, comme cela était courant jadis, le nom du territoire sur lequel elle a habité et où elle a pu exprimer les œuvres de Dieu.. En fait, HDB est offerte dès la naissance - elle est la dixième enfant d'une famille noble, vous savez qu'on offrait la dîme(1/10) et souvent un enfant à Dieu - au Seigneur. Elle aura un parcours exceptionnel parce qu'elle aura des visions sur le passé, présent et futur de l’Homme et laissé des livres concernant tous les aspects de la Vie.
Elle avait des visions … on va en donner rapidement quelques petits exemples pour vous conduire ensuite à toute l'œuvre qui reposera sur des écrits puis sur des actes, des guérisons, des conseils positifs pour l'Eglise car elle a entretemps revêtu les habits de moniale puis d’abbesse d’un couvent.
Elle raconte qu'à 3 ans "je vis une si grande lumière que mon âme en fut effrayé que mon corps même en trembla mais à cause de l’impuissance de mon âge, je ne pu rien en manifester». Et cette lumière ne fut point passagère, elle resta devant les yeux intérieurs d'Hildegarde comme un miroir éblouissant de clarté, dans lequel ne tardèrent pas à ressortir des visions admirables. "Depuis l'âge de 5ans jusqu'à maintenant" écrit-elle "je n'ai cessé d'éprouver en moi la vertu des mystères, de contempler de secrètes et merveilleuses visions que je n'ai manifesté à personnes si ne n'est à quelques religieuses de ma communauté ». Le Seigneur prenait ainsi possession de ce jeune cœur, il y imprimait les vertus de ses mystères. Ce qui est remarquable, c'est que, lors de ses visons, elle n'a jamais perdu connaissance, elle n’est jamais restée en transe. Le fait que son esprit soit toujours en éveil mérite une parenthèse. Hildegarde est actuellement réhabilité par le « new age », ce « new age » qui veut que la spiritualité et la religion du XXIe S. soient une religion de l'avenir, universelle de toute l'humanité, et fondée sur l’Unité de toute chose. Cet esprit syncrétique va prendre ce qui est bon un peu partout, pour faire la seule vrai religion du 21e S, une religion basée sur la paix et l’amour du prochain. « Puisque l'esprit religieux du passé a été le témoin de tellement de malheurs dans l'histoire de l'humanité - les guerres de religions, les schismes, les abus de toutes sortes - on ne peut plus avoir confiance dans les religions telles qu’elles se présentent à ce jour » disent les adeptes. L'idée du « new age » est donc pure dans ses intentions mais il y a une confusion sur les causes de nos difficultés et c’est un peu facile et souvent faux de reporter à notre esprit religieux les sources des conflits ! Par ailleurs les moyens utilisés par ces nouvelles spiritualités émergentes ne sont pas très clairs (« faites l’amour pas la guerre ») ; on cherche à exprimer une soit-disante spiritualité à travers une émotion de perfection, de besoin d’harmonie, d'universalité et on finit par tout mélanger. Et dans ce monde moderne, il y a nécessairement beaucoup de chaman, de gourou, de médium, de visionnaires, de faux prophètes comme cela a été annoncé pour notre époque par les prophéties sérieuses comme celle de Marie Valtorta ou de celles de Pie XII. C’est ainsi que beaucoup de gens qui reçoivent des visions, qui sont en rapprochement avec des entités « angéliques », des esprits revenants, et qui sont branchés - le channeling en est un exemple entre autres- ! sont des auteurs d’une littérature à profusion…
Il y a ainsi des livres qu'on tire à des millions d'exemplaires. On me demande souvent ce que je pense du livre "Dialogue avec l'ange" de Raoul Walsh - 10 millions d'exemplaires : beaucoup de mal. Dire que l'Homme peut se libérer tout seul sans recours à personne et en particulier à son Créateur : cela est luciférien et je ne peux en penser que beaucoup de mal, car il y a tromperie : ce n’est pas écologique !
Mais tout un courant se disant spirituel – comme celui véhiculé également par la « Prophétie des Andes » - se trouve dans une très grande confusion (mais elle avait été annoncé par HDB pour l'époque que nous vivons). Je me sens obligé d’insister sur des faux prophètes qui viendront, raconteront, prendront le pouvoir, donc il faut le savoir, y compris dans l'Eglise (Paul VI disait en 1976 "les fumées de satan sont arrivées dans l'Eglise » et il savait de quoi il parlait) car il ne s’agit pas d’avoir des visions, pressentiment, intuitions pour se proclamer divin !
Tout cela pour vous rappeler qu’il y a visions et Visions !

Hildegarde nous confirme que lorsqu’elle a ses visions, elle ne perd jamais conscience. Elle voit avec les yeux du cœur, les visions qui lui apparaissent, elle entend, elle ressent, elle sent les odeurs, l’ambiance, les lumières mais jamais elle ne perd conscience. Et cela est tout à fait étonnant car chez de nombreux mystiques, y compris chrétiens, quand ils sont porteurs de charismes de prophétie, ils tombent en transe, perdent conscience, puis vous « déversent » un certains nombre d'informations. Chez Hildegarde, il y avait la totalité de la conservation de la conscience - c'est un événement très important. Et le discours qui s’ensuit est cohérent et unifié et sans contradictions par rapport à ses propres dires et par rapport aux enseignements dogmatiques.
Et notre Béate donne encore d'autres détails sur ses visions : elle voyait habituellement des yeux de l'esprit une grande lumière, qu'elle nomme l'ombre de la lumière vivante. Puis en cette lumière, en ce fond lumineux, comme un miroir, elle voyait quelques fois paraître une autre lumière, qu'elle nomme la Lumière Vivante. L'ombre de la lumière par rapport à la Lumière Vivante. Dans la lumière, c'est à dire l’ombre de la lumière, elle prenait connaissance de beaucoup de secrets, touchant le passé, le présent et l'avenir mais la seconde lumière produisait dans son âme des effets plus pénétrants. Elle avait été élevée par une famille solide, mais on ne lui avait pas appris le latin, et lorsqu'elle « recevait « les visions, elles devait les retranscrire en latin, langue qu'elle ne connaissait pas, c’est ainsi qu’ elle transmettait quelque chose qui ne venait pas d'elle : elle avait pris un secrétaire latiniste qui en général retranscrivait toutes ces informations venant de cette lumière éclairante et féconde.
Et elle écrivit comme cela de l’âge de 40 ans à sa 81ème année de vie (- 9 fois 9 : un accomplissement) .
Morte en 1167, le 17 septembre, jour de la fête du pèlerinage de ses reliques à Bingen sur les bord du Rhin, elle a ainsi retranscrit ce qui lui a été donné à partir de l’âge de 40 ans, le tout grâce à 2 secrétaires (le premier étant mort).
Le premier ouvrage s'appelait « Scivias » ou « connaît les voix » : c'est un livre qui retrace l'histoire de l'humanité, et les secret de tout l'aspect religieux au sens noble, des sacrements, de l'histoire de la vie -cela en 10 ans.
Puis elle a écrit les livres des mérites de la Vie suivi des « Œuvres Divines », où elle explique la place de l'Homme dans le cosmos, la place du cosmos dans la Création de Dieu. Elle poursuit avec le livre des « causes et remèdes » des différents règnes , un livre où elle parle du grand règne de la création, à savoir le règne animal, le règne minéral, le règne végétal, la place du règne humain dans tous ces règnes et des moyens pour pouvoir les entretenir pour notre vie. Elle expliquait au départ, c'est important, qu'en pratique nous sommes parfaits dans la programmation de notre créateur, nous avons la totalité de la perfection en nous mais suite à la faute d'un ange déçu, Lucifer, qui a malheureusement prolongé toutes ses bévues sur toute la Création . Ainsi les bévues d'orgueil de cet ange déchu ont conduit à la chute d'Adam et Eve et à partir de là, tout le drame de d'humanité à commencé. Elle décrit que la chute a été si terrible que le firmament qui était immobile s'est mis à bouger ! Les conséquences ont été telles sur l'humanité entière, c’est-à -dire les monde visibles et invisibles, pas seulement sur la Terre, que la vie est devenu un parcours du combattant, que la vie ne peut pas être simple. Mais, en résumé, par bonheur- Deo Gratias-, il y a eu un sauveur qui a pris chair, la lumière vivante à pris chair sous la forme d'un Homme, grâce auquel le cosmos entier, toutes les créatures et la Création, sont sauvés. Sauvés définitivement et les forces maléfiques définitivement vaincues mais comme nous sommes dans un temps relatif, nous en avons encore les conséquences. C’est pourquoi bien que nous ayons eu au baptême la grâce sanctifiante d'être totalement pardonnés, sauvés, néanmoins en tant qu'être humain, nous souffrons encore et nous supportons des maladies et le mourir. Une question revient sans cesse : « si nous recevons, au baptême, le pardon de toute la faute qui est en nous, pourquoi ne guérisons pas en totalité ? » : parce qu’il y a un décalage entre le temps des hommes et celui de Dieu.
Certes, avant la venue du Sauveur, on mourait - tous sauf peut être Elie qui fut enlevé miraculeusement et quelques rares saints, et à partir de la résurrection, la porte de la vie, la vie éternelle nous est ouverte : je ne sais pas si vous mesurez…
C'est incommensurable !
Mais nous n'en avons pas encore conscience car nous avons encore à vivre la "queue de la comète" et nous subissons encore les souffrances, le mourir et la maladie. Alors que la porte de la Vie éternelle est à nouveau ouverte !
Hildegarde nous invite à en prendre conscience !

En résumé, les œuvres d'Hildegarde, c'est toute la Vie et notre Vie qui est concernée : elle décrit la conception de l'Homme, comment l'Homme a été élevé de l'Eau et de la Terre et comment Dieu a insufflé l'Air, et le Feu, pour animer Adam, comment Adam a généré à travers la force de Dieu la femme, qui n'est pas, elle, faite de terre et d'eau (ce qui a d'énormes conséquences dans les physiologies de la femme et de l'homme donc de l’écologie du principe féminin et masculin) et à travers toute cette régression (car il n’y a pas évolution depuis Adam mais bien régression), ce retour à la nature divine qui est en nous… grâce à un sauveur, le Christ
D'ailleurs Hildegarde ne dit pas que l'Homme descend du lémurien ou du singe - pour moi, ce serait plutôt l'inverse-
Il y a la descendance de Caïn et celle d'Abel - il faudrait repenser tout. Et ce qu'on appelle la science ou les certitudes scientifiques sont peut-être à revoir et peut-être que nous aurons l'éclairage de l'Esprit Saint au XXIe S ; pour prendre conscience que nous nous sommes beaucoup trompés, et que nous avons pris nos désirs pour des réalités, et les causes pour des conséquences. Toujours est-il que toute l'œuvre d'Hildegarde est faite pour aider l'Homme à se sauver car Dieu aime l'Homme : elle va donner sur un plan pratique (l'écologie est pratique) des conseils relatifs au monde minéral, au monde végétal, animal, au comportement humain, pour pouvoir vivre le mieux possible en relation et en communion avec la nature, la nature étant l'autre aspect des créatures et qui a été conçue pour l'Homme.
L'Homme est une créature . Hildegarde, en accord avec le dogme de l'Eglise Catholique, nous le rappelle : nous participons à la Création. Elle nous rappelle à ce sujet qu’il y a eu alliance avec Adam, Noé, Abraham, Moïse, David, tout cela résumé en son temps, par le Christ pour le bien de l’Homme. Dans les exercices spirituels selon saint Ignace, qui sont dans l’esprit des écrits d’HDB, on trouve "l'Homme à été fait pour servir, louer et honorer Dieu et ainsi sauver son âme" : c'est sa seule vocation. Donc tout ce qui est fait dans la vie pour servir, louer et honorer Dieu est écologique. L'écologie est le moyen que nous avons de nous restituer par rapport à notre Créateur et sans Lui, nous sommes perdus. Voilà une définition très synthétique de l'écologie, dans l’esprit d’HDB. Les créatures, végétales, animales, minérales ont été faites pour l'Homme à condition qu'il s'en serve pour louer, servir et honorer Dieu et non pour se remplir de suffisance ou a des buts purement égocentrés !
On est malheureusement très loin de l'usage qu'on fait des créatures : considérez l'exploitation du monde pétrolier (monde minéral), il n'est pas innocent de pomper des milliards de tonnes de pétrole sous la terre. Nous le déconsidérons parce qu'il est soit disant inanimé (au sens d'âme humaine, il est) mais il fait partie du rythme de la vie et du Créateur et en ce sens il est animé par le souffle de Dieu. Or quand nous côtoyons le monde végétal, nous n'avons pas cette conception, nous n'épousons pas, nous ne communions pas avec le monde végétal et en particulier quand nous mangeons… communion quotidienne. Le monde végétal se donne et nous communique de la mémoire, de la vie, que nous devons utiliser avec respect et parcimonie. L'excès nuit au bien. Ne parlons pas du monde animal : la manipulation du code génétique alors qu'on a dans la genèse "tu ne toucheras à aucune lettre de l'alphabet divin", on en est loin. Il n'y a pas besoin d'être prophète pour prévoir des conséquences très douloureuses. Dieu est juste, il nous donne des possibilités et des choix devant lesquels nous sommes libres, mais chaque fois que nous n'allons pas dans le sens de ce qui peut nous dépasser et nous sauver, il y a un rappel à l'ordre de notre comportement ; rappel à l’ordre immédiat parfois, à distance dans d'autres cas, sur d'autres générations d'autres fois. Cela est bien clair chez Hildegarde : nous faisons partie d'un tout, de cette espèce d'unité mais chacun à sa place. La notion de territoire fait partie de l'écologie : chacun a sa place. Les animaux avec les animaux : regardez le nombre de gens qui vivent en dépression et qui mettent des chiens et des chats dans leur lit et dans leur assiette – c’est terrible ! (je ne parle pas des gens très pauvres qui sont obligés de se chauffer avec la chaleur des animaux) ! Dans notre civilisation, les animaux ne sont plus à leur place, on ne met plus les choses à leur place… Ils compensent notre appétit de gain ou de manque d’affection ! Or cela fait partie des enseignements de notre moniale, bénédictine de formation puisqu'elle avait été nommée abbesse un peu malgré elle d'un monastère qui obéissait aux lois bénédictines.
Pour rappel, Hildegarde, c'était l'époque des cathares, des premières croisades, des premiers schismes, en particulier des empereurs violents et animaux comme Frédéric Barberousse, et les antipapes ; elle a vécu dans une période extrêmement agitée et avant la réforme mais dans une période très difficile pour tous les dogmes et structures établies de l'Eglise catholique déchirée par les visées expansionnistes de certains de ses éléments !
Hildegarde a passé son temps dans cette relation intime avec la lumière et au début elle ne voulait pas révéler ses visions : Elle restait alors « coincée » au lit jusqu'à ce qu'elle obéisse. Elle disait au début ne pas comprendre, ne pas savoir parler latin etc.. mais le Seigneur lui disait en intimité qu'on ne lui demandait pas de comprendre mais « d'écrire ce que tu as reçu et d'en redonner fidèlement l'esprit ». Alors elle était clouée de douleur au lit chaque fois qu'elle refusait et avait donc des dons passifs : elle ne les appelait pas, ils venaient instantanément à elle. On peut aussi avoir des dons actifs pour lesquels on fait appel comme dans le renouveau charismatique qui fait beaucoup de prières et d'appel à l'Esprit Saint pour avoir des dons de guérison et autres. Là, Hildegarde ne faisait appel à rien du tout, elle avait ces dons qui lui arrivaient malgré elle et en était au début très gênée.
Hildegarde a donc été une personne présente sur le plan pratique parce qu'en tant qu'abbesse, elle a dirigé des fidèles avec leurs problèmes psychologiques, proposé des constructions, écrit des plans de bâtiment et elle donnait des ordres à des maçons, des instructions pour le jardin potager, les rites quotidiens, la musique adéquate ;sans oublier qu’ elle guérissait énormément de gens.

HDB a eu des contacts écrits avec saint Bernard de Clairvaux qui l'a fait connaître au pape Eugène III. Elle avait donc une notoriété et se permettait de dire des choses déplaisantes, religieusement très incorrectes à l'époque et s’est fait beaucoup d'ennemis. Pourtant elle arrivait chaque fois à prendre le dessus, à convertir, et finalement comme elle disait des choses tellement simples et efficaces, les personnes qui recevaient d'elle des conseils même déplaisants finissaient par la vénérer.
C'était enfin quelqu'un de peu ordinaire mais qui surtout nous a légué une science - on peut dire "science" car il s'agit d'un tout parfaitement cohérent - science parfaitement avec les textes de l'ancien testament et du nouveau testament, parfaitement cohérente également avec la morale et l'éthique religieuse. Mais religieuse au sens très noble du terme, c’est à dire replacer l'Homme dans sa fonction de centre de la Création, ce qu'elle faisait. L'Homme était la partie la plus importante de la Création puisqu'il récapitulait tous les univers et que c'était lui que Dieu avait choisi pour réhabiliter la déchéance angélique. C'est également très important : nous sommes porteurs d'espoir, nous sommes aussi investis d'esprit car vous savez que les anges ont une nature purement spirituelle. Nous, le genre humain, sommes programmés pour réhabiliter tout le cosmos ; pour remettre de l'ordre pour participer à l'ordre divin qui est ce qu'il était depuis les temps sans commencement, depuis le Principe .
Nous avons une responsabilité considérable. Tout ce que nous faisons, pensons, agissons, exprimons, nous en sommes responsables (Notion d’interactivité).
..................................Continuer

Dans le monde moderne au contraire on déresponsabilise puisque lorsqu'on est malade, c'est la faute à "pas de chance" et la solidarité, à travers des organismes va de toute façon remédier à la situation générée par "pas de chance" etc. On est dans un monde opposé à l'esprit de responsabilité, à l'esprit de participation, à l'esprit de guérison qui est en nous, à l'esprit de communion et l’interdépendance est souvent à sens unique !

Au début du XXIe S. et cela n'engage que moi, en employant un langage imagé, on « marche les pieds en haut et la tête en bas, » et si on ne redresse pas le tir, toutes nos notions de qualité de vie vont « dans le mur ». Quand on se dit que, chez notre moniale, tous les textes traduits - les textes plus religieux ont été mieux traduits que les textes plus médicaux (on a que des copies datées du 13e S. des textes médicaux), forment une cohérence globale, une somme théologique et pratique, on se dit que peut faire confiance y compris aux textes médicaux (médecine au sens de médiation ou médication), ceux ci permettant de résoudre la plupart de nos misères.En pratique, qu'est-ce qu'Hildegarde de Bingen nous a légué ?
- Une explication simple des causes de nos souffrances et les moyens d’y remédier.
D'abord que nous sommes tous dans une situation telle que la souffrance fait partie de notre existence. ; elle explique le pourquoi et le comment de ces souffrances. Certaines peuvent venir de la conception puisque nous sommes dans une rythmologie cosmique et l'état de la Lune au moment de notre conception à une influence (cela n'est pas vrai que pour l'agriculture !). Selon que le tempérament de nos ancêtres contient plus ou moins d'élément Feu, Air, Eau ou Terre, nous avons des constitutions plus ou moins robustes.
Selon que les parents ou ancêtres ont beaucoup péché , on a plus ou moins d'humeurs (humores) et de flegmes (flegma) dans le sang, ces deux modalités de la vie s’exprimant par une plus ou moins bonne vitalité et plus ou moins bon caractères psychologique et mental. Pour Hildegarde, on ne peut être en bonne santé si on ment, si on triche, si on vole, si on est lâche, paresseux, dépendant, si on manque de courage, si on est égoïste : on est très loin de la conception de la santé "c'est la faute à pas de chance". Tous ces comportements génèrent des troubles qui sont interactifs entre le cosmos et nous.
-Une interdépendance et interactivité de notre environnement et nous avec des exemples précis.
J’ajouterai que les éléments du cosmos ont été faits pour nous et non l'inverse. Au passage, il n'y a aucune raison pour que nous ne soyons pas influencés par les planètes mais pas de raison non-plus pour qu’ inversement nous ne les influencions pas. Et puisque nous sommes plus importants, dans l’ordre de la création, que les planètes puisque nous sommes au centre de l'univers donc nous influençons le cosmos. Lorsque nous nous comportons de manière désordonnée, nous influençons la Lune, le Soleil, Jupiter, Saturne et c'est vrai !
Ces humeurs peuvent être traduites par des miasmes (des modalités biochimiques, énergétiques) à l’intérieur de nos liquides vitaux véhiculés par le sang blanc (la lymphe), le sang rouge, le sang bleu - Hildegarde décrit les différents sangs, Ces humeurs disqualifiées créent des perturbations physiques, émotionnelles, sentimentales, mentales, et spirituelles. !
Par exemple, on commence par être mélancolique, on est triste… Or quelqu'un qui est triste laisse exprimer en lui des humeurs néfastes. Et ça n'a rien à voir avec les difficultés de la vie : on peut avoir énormément de difficultés et être joyeux comme avoir une vie apparemment facile et être triste, malheureux et se suicider. Ce n'est pas une question d'apparence extérieure de poids, de mesure ou de bonheur apparent. La joie que décrit HDB - laetitia, felicitas - cela vient de l'intérieur, c'est le langage de la sphère de Dieu, c'est la musique du Ciel qui se reflète sur l'instrument, le Cœur, qui est en nous. Nous sommes joyeux parce que nous sommes un instrument qui émet la joie. On peut avoir beaucoup de problème et être joyeux. Il faudrait peut-être remettre en cause ce que nous mettons sous le terme "joyeux" ou "triste" car nous avons tout remis sur le plan émotionnel alors que l'émotion n'est qu'un aspect de l'être humain. La joie ici serait celle d’être conforme à l’écoulement de la Vie Naturante et vivifiante. Ces humeurs donc vont petit à petit enfoncer les gens ou au contraire les élever vers la Lumière. Plus on côtoie la justesse, par notre façon de penser de nous nourrir, de nous comporter, plus les humeurs nous embellissent et nous rendent joyeux ; les créatures qui sont autour de nous en sont nourries, car nous pouvons nourrir en bienfaisance les créatures - et pas seulement en donnant du bien matériel -
Quand « on joue de la bonne musique » on fait du bien aux oiseaux du ciel et aux poissons de la mer etc. Alors on se rapproche de ce pour quoi nous avons été créés donc on est de plus en plus écologiques, ne serait-ce que sous cet aspect. Et plus on s'en éloigne, plus l'écologie est celle du discours et de moins en moins dans notre instrument de vie. On veut, on croit, on essaye, mais c'est plus compliqué : ça ne sort pas spontanément comme une respiration, ce qui n'empêche pas de prendre conscience.

Tous ces aspects sont en chacun d'entre nous et chez le pygmée au fond de la brousse… comme chez le fonctionnaire dans sa tour de Manhattan.

- L’unité de toute chose, de tout acte, pensée…

Quand nous prélevons, dans l’air, la terre, l’eau et le feu, le potentiel de vie auprès de notre planète sans le régénérer, nous désaxons la Terre surtout si nous utilisons les biens à nous détruire. Si on abuse d'une situation non pas pour nous construire mais pour nous détruire nous perturbons profondément l'humanité dans tous ses règnes… et même le pauvre gars qui vit dans sa forêt et dans sa hutte à 30 000 km de nous, nous le perturbons à distance car il n'y a pas, au contraire « du nuage radioactif de Tchernobyl » de frontière. Dans l’énergie des éléments de la matière qui sont tous reliés entre eux, il n’y a pas de point de rupture !
Cette écologie est une écologie de chacun à chaque instant : le collectif passe après la prise de conscience individuelle

Si on en a pas vraiment conscience (si on ne l'a pas intégré), on aura du mal dans la vie et on fera du mal. Dans ce cas, l'écologie sera toujours dans le discours et non dans les actes. Les grecs chez qui nous avons beaucoup prélevé ont beaucoup séparé l'âme et le corps (dualisme), et nous en sommes arrivés à devenir des êtres schizophrènes. Schizophrénique signifie "divisé" « séparé »-. « Je sectorise, en médecine je ne vois plus que des organes, je vais bientôt être spécialiste de la cellule qui est une fraction intime du tissu, parce que maintenant, il y a des spécialistes de la membrane de la cellule ! Je vais tout fractionner, séparer et je vais devenir schizophrène et ne plus voir avec le petit bout de ma lorgnette que des aspects de mon environnement ». Cela, c’est le discours pour créer un désordre, créer un gâchis, des divisions, des sources de malheurs…
Là, HDB nous rappelle l’unité du monde crée, macrocosme et microcosme.
- L’homme peut remédier.
L’Homme avec l’aide de son Créateur peut remédier à ses insuffisances : tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir.
Or notre volonté peut orienter notre intelligence, et elle doit toujours rechercher cette unité. L'âme pour Hildegarde - le corps et l’âme sont une seule et même totalité - se fructifie sous forme de l'esprit, ce dernier étant la partie la plus subtile ; le fruit est ce que j'offre de meilleur gratuitement et généreusement -. C'est pourquoi si on exploite un plus faible, on vole, on rompt des contrats, si on triche, si on est lâche, si on est distrait, oisif… on laisse s’accumuler en soi des mauvaises humeurs qui généreront des difficultés, accidents, douleurs…
Il y a des individus qui sont visiblement des non-actifs et qui se mettent dans des positions de handicap, d'incapacité, qui se fixent eux-mêmes leurs handicaps et incapacités qu'ils n'ont pas s’ils se donnaient la peine de se dépasser et ils vivent aux crochets de la société, ils parasitent la société ; cela n'est pas innocent, sans conséquences surtout pour eux ! Ils auront des comptes à rendre à leur âme si l’on accepte le principe d’équité. Tout est parfait depuis le Principe même si nous ne nous apercevons pas.
Toutefois dans un monde où règne 'Unité, il y a des comptes à rendre si on perturbe cette Unité, on ne peut impunément changer l’ordre de la création. On peut aussi demander la grâce de comprendre cette unité, par la pensée, par l’intuition et la convertir en paroles et par actes justes.
Il est souhaitable de demander d'être le plus rarement distrait - par la distraction, on perd cette unité, on s'éloigne de ce qui nous maintient en éveil. Un accident arrive dans un moment de distraction, une fraction de seconde l'esprit est ailleurs et… Chaque fois qu'il nous arrive des malheurs, on est dans cet état de distraction qui a permit à la situation d’arriver.
Il en est tout autrement quand la difficulté ou les malheurs sont voulus ou assumés par notre propre volonté, comme ces êtres qui ont dit "je veux assumer le martyr", "J'ai fait vœux de pénitence", "j'ai fait vœux de pauvreté", "d'aider les handicapés", "j'ai fait vœux de me consacrer à ma grand-mère… à partir du moment ou cela est voulu librement et assumé il n'y a plus de souffrance et de surcroît, la tâche est moins pesante car on est aidé par les forces du Bien. C’est aussi un autre aspect de l’écologie !
Parfois des "canards boiteux", des handicapés, assurent l'équilibre de leur famille même si celle ci ne s’en aperçoit pas !. Les sociétés qui savent les accueillir et non les rejeter en tirent un grand profit. l’acceptation de la différence et des difficultés, c’est aussi une attitude écologique !
Il y a des pôles de difficultés dans une société mais ce n'est pas un couperet, ce n'est pas insurmontable, si l’esprit nous permet d’en percevoir la signification, les causes et les remèdes : cela doit se vivre dans la joie, du moins dans la sérénité.

Si j'avais à résumer, l'écologie d'Hildegarde c'est « Partout où vous passez, apportez la paix, la joie de vivre dans vos intentions, paroles et actes ». ce sont là des manifestations de l’Esprit Saint, le haut de gamme en écologie comportementale !
Non pas la joie hilare mais la joie intérieure dans tout ce que vous faites y compris lorsqu'il faut ramasser sur la chaussée des canettes de bières usagées ou même si vous vous sacrifiez ou vous devenez victime. L’Esprit Saint nous éclairant de l’esprit d’unité, nous savons que ce que faisons ou disons corrigera et apportera des pansements aux plaies de la vie qui arrivent d’autant plus volontiers que nos pensées et nos comportements sont désordonnés et voilés.

Rendons grâce à tous les bienfaits de la création car ils sont bien supérieurs aux méfaits que nous engendrons.


Réponses aux questions

1) J'ai été invité par l’association CORE pour nous entretenir d'Hildegarde de Bingen et l'écologie. J'ai essayé par politesse et pour rester dans un certain ordre,d'éviter de participer au désordre - de répondre à travers un regard personnel qui s’est nourri des discours, lectures et traditions, expériences, exercices et pratiques quotidiennes.
Il m’a été donné d’ étudier la médecine chinoise que j'enseigne, la médecine Ayur-Védique des hindous, les fondements du bouddhisme et ses 3 véhicules. Mon insatisfaction existentielle m’a conduit à m’approcher de la Kabbale hébraïque, les points de vue de la réforme protestante, les traditions occidentales…
A travers le filtre de ce parcours, je tente de coller à la réalité .et de rester pratique car je suis médecin généraliste et me dois de répondre quand on vient et qu'on me dit "j'ai mal" ; ma fonction est de dire ce qui peut expliquer la venue de ce mal, pourquoi quand cela est possible, comment, quel en est la signification, le message et d’aider les individus à y remédier, si Dieu le veut .
Il ne s'agit pas de distribuer des anti-maux ! Pour un Chrétien, HDB répond à de nombreuses questions et reste d’actualité dans ses conseils médicinaux, diététiques, hygiéniques, spirituels.

Il existe des séminaires de plusieurs jours sur Hildegarde de Bingen où on reprend tous ses écrits . Lorsque vous avez de rhumatismes par exemple, HDB vous dit d’éviter de manger des pêches, des prunes, des brugnons, des fraises, de ne pas manger de poireaux : tout cela elle en explique les raisons et de fait lorsqu'on ne mange pas ces fruits et légumes et leurs humeurs qu’ils véhiculent, on a beaucoup moins de rhumatismes. Cela a été dit au 12e AS. et se vérifie à ce jour car la vérité ne vieillit pas !
On me dit parfois que je fais de la paléonto-médecine mais Hildegarde donne des conseils, par exemple pour le rhume ou la grippe. Cela est extrêmement simple, peut coûteux, accessible, et chacun peut les élaborer : du persil, du miel, du vin, un peu de vinaigre en de bonnes proportions et vous faites un vin au persil - essayez donc pour les glaires et mucosités, la circulation du sang, le cœur ! Et si on est honnête, on se pose des questions, on tente et si on est content on partage !
Lorsque je lis des textes venant d'une bénédictine du 12e S qui ne connaissait pas le latin n’ayant pas une grande culture qui ne contredisent pas la médecine chinoise multimilénaire que j'ai étudié pendant 20 ans, et qui les complètent…et qui nourrissent ma soif des évangiles, je me dis que cela mérite d'être étudié et vaut le détour !

2) Hildegarde de Bingen ne connaissait rien de la botanique ni de la religion…du moins avant d’avoir rédigé des œuvres. Elle a parlé de toute la cosmogonie de la Création, la création du monde, les 4 orients, le firmament, les vents, les anges, les créatures… la rédemption, la Vierge Marie, l’Unité des mondes visibles et invisibles, l’avenir de l’homme… très précisément mais sans rapport avec ce qui avait été écrit auparavant me semble t il, ou en complément d’éclairage de ce qui avait été écrit.
On peut dire que le discours d’ HDB n’est que balivernes ou comme certain l'on dit qu'elle était très cultivée… on peut tout dire même des bêtises !
A mon sens, rien à voir avec la culture ! Elle a dit des choses invraisemblables pour un esprit humain qui ne pouvait provenir que d’un Esprit Supérieur.
Si on étudie la théologie, je trouve son apport passionnant… J'ai repris la théologie grâce à elle - c'est passionnant… Et il n'y a pas de contradiction avec la théologie officiellement enseignée, surtout un éclairage sublime. Or, actuellement ,l'Eglise institutionnelle ne favorise pas la connaissance d'Hildegarde.
Cela est dommageable. Beaucoup de religieux pensent encore que l'important c'est de sauver son âme - le reste étant moins important… et chez de nombreuses personnes qui se disent "spirituelles", le corps et le quotidien, il vaut mieux ne pas s’y attarder.

3. Hildegarde a critiqué les cathares mais elle a argumenté ; elle a de même critiqué certains agissements de l'Eglise et aurait pu être brûlée, elle a critiqué certains dignitaires mais est toujours restée fidèle à Rome et à l’Esprit de St Benoît. « Réformer de l’intérieur » était son adage.
4. Je travaille actuellement sur la cosmogonie d'Hildegarde (les traductions du latin du livre des « œuvres divines » et des « mérites de la vie ») en essayant de la conjuguer avec les autres sagesses traditionnelles. Je travaille sur les éléments constitutifs de la matière, l'Eau, l'Air, le Feu la Terre, pour guérir les gens de façon pratique. Par exemple, l'audition c'est l'ordre de l'Air : quand quelqu'un n'entend pas bien, il s'agit de l'élément Air et cela concerne la plupart du temps les intestins… pour la vue, c’est plutôt le Feu et l’Eau (voir le cœur et le rein)
L'intérêt pour moi réside dans l'expérimentation des dire d'Hildegarde de façon pratique, voir si cela est compatible, vrai… et utile pour l’évolution de la conscience de chacun.

Hildegarde de Bingen, c'est avant tout pratique, utile et peu spéculatif ; sinon, on a pas compris la spiritualité qu’elle essaye de nous faire vivre !.